Les archives de Klikitiklak matelot du Mille Peuples

Enfin prêt, le gobelin jeta un dernier regard aux murs de la Capitale qui se dressaient à contre jour dans le soleil matinal. Le cœur étreint par avance d'une profonde nostalgie à l'idée qu'il ne reverrait pas Orgrimmar avant longtemps, s'il la revoyait jam...

— " Eh ! qui t'es l'déglingué ? "

Moi ? euh... ben je suis le narrateur de vos aventures monsieur Klikit…

— " Va, va, va, Il n'me manquait plus que ça ; un barde, pis qu'esse tu raconte résidu d'écrou crasseu ! A c't'heure là j'était à milles lieux d'éprouver une émotion aussi déprimante que ta fichue nostalgie - que tu peux d'ailleurs te carrer où je pense ! A vrai dire j'étais en rogne, d'une humeur massacrante... "

Or donc, Klik' était débarqué d'à bord du Mille Peuples, la veille, à Cabestan. Il était bien décidé a rejoindre Reflet de Lune dont il avait appris l’emplacement par l'entremise d'un de ses compagnons d'équipage.

— " Parlons en justement de ces frères dans la flibuste. C'est tous jobards et compagnie, oui ! pas un qu'aurait eut l'idée de me proposer son aide pour aller là bas. Tout ce qu'ils ont trouvés a dire les gaillards ça a été : ben pourquoi t'utilise pas le sort que les druides y connaissent et qui t'y envoie direct ? Pfff ! Qu'est-ce vous voulez que j'réponde à ça ? Pourtant j'avais tout fait bien comme il faut, j'étais allé voir cette vieille mule de Totem-Runique - l'archidruide de Piton -, archigateux plutôt. Et que je m'étais farci l'apprentissage de leur rituel à la mords moi l'piston. A côté de ça, assembler un mortier ça vous parait de la gnognotte. Pis ensuite, j'avais tout bien respecté – scrupuleusement - toutes les étapes, danser en tournant en rond sur soi-même, émettre des borgborygmes, agiter les mains au ciel, faire pipi sur les fleurs - ah non, ça c'est pas dedans mais qu'est-ce que ça soulage ! - resultat ? rien, peau d'fesses, walou, nada : N, A, D, A, nada ! "

Je disais donc, que grâce a une information obtenue auprès d'un autre forban du Mille Peuples, Klik’ avait découvert qu'un tunnel reliait le nord de Gangrebois à la vallée sacrée des Druid…

— " Dire que tout ce chambard, c'est rien que pour rencontrer l'ancêtre Ours de tout les ours - ou son esprit ? va savoir avec ces fichus bouffeurs de champignons de hyérophantes - et surtout parce que ces embrumés rétrogrades sont infichus d'avoir installés une bonne vieille ligne de zeppelin - ou peu importe quoi d'autre, tant que ça vole - entre leur damné sanctuaire secret et le reste du monde. Sanctuaire tu parles, oui ! connaissant leur goût du rustique à ceux-là, ce doit tout juste être une vieille cahute mitée coincée dans le trou d'culasse de Kalimdor. "

Hum-hum ! Dites, si ça vous dérange tant que ça que je narre vos aventures ; je peux toujours m'en aller et vous n’avez qu’a continuer.

— " Nan, c'est booon. Je m'en voudrais de t'chipper ton gagne pain. J'rectifiais juste les détails "

Merci. Où en étions nous ? Ah, oui ! Par cette belle après midi ensoleillée, une brève ballade à dos de chimère au dessus des Tarides lui fournirait sans doute un agréable délassement après tant de temps passé en m…

— " Tu parle ! agréable, m'y suis cassé l'échine plutôt. Y à pas, ces grosses vaches de Taurens c'est pas conçus pour voler… à part peut-être dans l’godet d’une grosse catapule. Héhéhé. Bref, j'suis arrivé à Orgri' et j'étais brisé d'partout… Pis rien que d'penser à ce que j'devrais casquer auprès de ce vieil ivrogne de Droffer pour obtenir une carte - pas trop fausse - de la région d’la Vénéseuse, ça m'filais des aigreurs. Entre ça et l'orc que je croiseait dans la soirée, alors que j'regagnais mon auberge. Complét'ment ramolli du bulbe ce garçon. "t'es enchan-enchanté-chanteuré ?", qu'il me dit, même pas bonjour. "De t'voir ? non, pourquoi, j’devrais ?" que j'lui répond du tac au tac. Et j'lai planté là, avec des yeux rond comme le tram de sept heure, a chercher à comprendre ce que j'lui avais dit. A l'heure qu'il est il doit encore y être… Foutrerouage, pourquoi les débiles bègues et malpolis c'est toujours pour ma fiole ? "

…
…
…

— " bah tu dis plus rien, l'narrateur ? "

…

— " Mais quel sale caractère celui-là ! "

Si vous en avez fini avec vos digressions…

— " continue va, je t’interromprais plus. "

Promis ?

— " Vui, vui, juré-craché ! "

Voila notre [size=50]enquiquineur de[/size] gobelin (qu'esse tu marmonne s'péce d'embougré ?) qui part donc avec pour projet de remonter le cours de l'Aszhara pour rejoindre le fortin de bois brisé où il escomptait demander l'hospitalité a l'une de ses consœurs : Pixel (bien gironde la p'tite, ça à été une de mes – nombreuses, dois-je le préciser ? - conquêtes du temps où j'était vert et beau, et masculin aussi *soupir*). Cette dernière en sa qualité de négociante (ouaip ! comme tu l’dis, elle fait l’commerce des cornes de satyre ; t’savais que c’était un aphrodisiaque très prisé chez les trolls ?) dans la région pourrait sûrement lui fournir quelques informations susceptibles de l’aider à arnaqu… euh – pardon - recruter quelques aventuriers pour lui servir d’escorte sur le reste du chemin...

Il en était là de ses réflexions, repassant mentalement en revue l’inventaire de ses sacoches comme pour s’assurer qu’il n’avait rien oublié de vital : dynamite (un peu, juste au cas où), surprises aux pommes de cactus (miam, c’est bon ça), boite de cigares (des Gurubashi Extras. C’est pas toi qui pourrait t’les payer, hein !), solide canne de marche (bien pratique quand ça grimpe, sans compter qu’on peut toujours en coller un coup derrière les esgourdes aux brigands), un tonnelet de spécial des Shoggots a l’ancienne (une bierre gobline que j’ai récupérée a la fête des brasseurs. De celles qu’on r’file pas aux estrangers. Pour la soif), dynamite – encore ? – (vaut mieux en avoir de trop que pas assez qu’il aurait dit mon vieux), pioche (des fois que j’tombe sur un p’tit filon de cuivre ou d’étain en route, juste histoire de joindre l’utile à l’agréable), capeline fourrée, pansements, bouclier (j’pourrais toujours me cacher derrière. Zut ! non, plus maintenant. Tant pis, ça f’ra office d’assiette), nécessaire de pêche, briquet à silex (le bois pour le feu, je l’trouverai en route. Après tout j’traverse bien une forêt ? et les arbres ça brûle…), dynamite – mais c’est décidément une obsession chez vous ! …

Hé ! mais vous êtes toujours pas parti ? il est presque midi et vous êtes encore là, sur le pont de la porte Ouest.

— " Pour qui tu m’prend blanc bec ? j’vais quand même pas faire tout ce fichu trajet a pince. J’attend qu’un monteur de Kodo veuille bien m’prendre avec lui ! Et dégage de là petit, comment tu veux que j’fasse du stop si tu m’colle aux miches sans arrêt ? "

…J’ai viré l'barde ! sans doute ma meilleure décision que j’ai put prendre de la journée.

Le voyage n’avait pas trop mal commencé jusqu'à ce que remontant le cours du Furie du Sud je pénètre dans les sous-bois et j’découvre les traces caractéristiques de la présence d’un filon de minerai, de l’étain sans doute. Enfin, je m’apprête a creuser quand POF ! une araignée géante surgie de je-n’ais-où qui me saute sur le poil, j’ai dut courir tout ce que j’savais l’après-midi entière pour que la sale bestiole me lâche les miches.

Jamais été aussi heureux d’avoir de longues quilles qu’aujourd’hui. Y a pas a tortiller c’est a c’te fichue carcasse de Tauren que j’dois d’être parvenu à lui filer entre les mandibules. A croire que j’commencerait presque à l’apprécier ce corps, s’il était juste avec un poil moins d’poil, un peu plus vert et foutrerouage ! qu’on me rende mon appendice et ses valseuse, suis pas une gonzesse !

Enfin j’arrive à Bois-Brisé dans la soirée. Le moins que l’on puisse dire c’est que ça ne paye pas d’mine. Une demi-douzaine de cahutes entassées a la va com'j'te pousse derrière une palissade de rondins. J’espère juste qu’y a pas trop de puces sur leurs paillasses…

J’en suis à me demander si cracher au bassinet ma fable à cette mouche du coche de Pixel était une si bonne idée. Déjà elle me fait sa mijaurée, j’ais eut toutes les peines du mondes a la convaincre que j’étais moi ! pour qu'au final elle m’envoye paître. « C’est bien fait pour ta fiole, tu l’avais bien recherché ça, a triturer ces bidules gnomes ! » qu’elle me dit. « C’est pas très charitable ton attitude… » je lui répond. Et là elle a commencé a me balancer nos vieilles casseroles. mais nom d’un piston, c’est quand même bien elle qui m’a plaqué ! non ?

Ai passé une mauvaise nuit. Notre dispute s’est envenimée à tel point que pour qu’elle me fiche la paix, j’ai dut m’arranger pour pieuter dans un mirador, à une bonne portée de fusil du camp. Fait plutôt frisquet là haut.

La ballade en Orneval s’est déroulée sans trop d’bobos. Suivi un temps la route de l’ouest - vers Ashara – avant d’obliquer au nord a hauteur de Raynebois. Faire gaffe aux tréants - des sortes de buissons qui marchent. Sans blague, déjà que l’orientation ce n’est pas mon fort mais si en plus les arbres bouge. Paraît-il même qu’y a une sorte de gardiens qui rôde : un géant qu’on dirait fait de bois, enfin je l’ai pas vu…

Je disais que j’avais traversé la région sans pépins, plus ou moins. C’est peu après avoir franchit un petit pont qui enjambe le falfarel que j’ai entendu siffler autour de moi une volée de flèche. J’vous prie de croire que j’me suis point arrêté pour en ramener une en souvenir !

C’est à Gangrebois qu’les choses se sont gâtées. Je m’attendais bien a ce que ce soit long et dur comme un bite de troll mais rien ne me préparait a ce que j’ai ait vu là !

Tête-burette, suis pas un fichu calineur d’écorce, pourtant j’dois dire que j’ais pas pût m’empêcher d’avoir d’la peine pour les végétation de cet endroit maudit. Leurs formes tordues pour sûr que c’était pas naturel, ça faisait mal rien qu’à les voir…

Pis, la puanteur y était telle que j’parvenait même plus a r’nifler mon cigare. Si vous voulez savoir ce que j’en pense c’est rien que mort, charogne et pourriture là d’dans. Sans compter que les bêtes aussi étaient gravement atteinte. Bien failli servir d’amuse bouche à un clebard tout couturé de cicatrices et deux fois plus mauvais qu’un troll qui se s’rait levé du pied gauche.

L’affaire été entendue si je n’était arrivé a un p’tit relais qui abrite une bande d’allumés du ciboulot - le Cercle des Maux ou un bizzareté du genre. En fait une secte bien décidés a chasser la corruption qui ravage c’te forêt ; que des bovins et des d’oreille d’la nuit, voyez l’genre... Bon courage que je leur souhaite. Mieux vaudrait foutre l’feu à toute cette fichue forêt, voila ce que j’en pense moi !

De leur refuge, j’pouvais distinguer mon objectif, au-delà des bois malades, une chaine montagneuse dont la base l’était baignée par une brume dense faisant penser a des miasmes putrides; c’était au-delà que je devais me rendre.

Bref, le reste du trajet a été comme j’me l’étais imaginé, et c’est aussi en lambeaux que mon armure que j’suis finalement parvenus au r’paire de ces Grumeul’gueules. Quel genre de créatures étaient-ce ? des grumeaux mutants ? le cauchemar du cuistot ? En fait rien d’aussi exotique. Juste des fichus furbolgs, mais visiblement bien plus malins que leurs congénères… et plutôt mal disposé a l’égard des visiteurs.

J’aurais dut-me dire qu’y valait mieux pas s’la jouer avec eux. Mais vous connaissez ce bon vieux Klik’ ! pas put m’empêcher d’essayer d’entrer en douce dans leurs tunnels. Ca n’a fait ni une ni deux avant que je ne me retrouve estourbi pour le compte. Quand j’ai eut repris mes esprits les malotrus m’avaient flanqués dehors - ceci-dit z’auraient tout aussi bien pût me croquer sans autre forme de procès - Donc je disait qu’ils m’avaient fichus dehors, mais heureusement du bon coté de la montagne.

Et là, soudain j’ai pris conscience d’un truc vraiment zarbi !

Rouille et graisse ! Malgré les plaies, les bosses et les contusions, je me sentais – d’une certaine façon – en harmonie avec ce fichu coin de nature. Vous file froid dans l’dos des impressions comme celle là. me d’mandez pas pourquoi, mais je me sentait bien et en même temps, bête comme un pignon ; j’était tout intimidé… Ce doit être un effet secondaire )à ma transformation en tauren que d’ressentir ça, ou plus probablement le contraste d’avec les Gangrebois. Allez savoir…

Alors j’suis allé voir les indigènes. Bon, j’ai profité d’avoir à chercher leur chef pour fureter et visiter un peu, en fait c’est plutôt coquet chez ces zguègues. Sans être prout-prout. Rien d’aussi rustique et minable qu’ce a quoi je m’attendais. J’dois même dire que j’était passablement impressionné. Pour mémoire, ce bourg là s’appelle Havrenuit.

Finalement je trouve le patron qu’on m’a d’mandé de rencontrer. Y m’explique son histoire de grand ours qui enseigne aux druides et tout l’tatsoin. Comme quoi il faut que j’le rencontre lui aussi, qu’il m’enseigne. « Okidoki » j’lui répond. L’reste a plutôt été les doigts dans l’tarin. J’ai finit par dénicher c’te vieille barde de bouffeur de miel poilu. J’dois bien dire que quand il m’a raconté ses fariboles fumeuses sur la sagesse du cœur et autres et tout j’ai pas put m’empêcher de piquer un p’tit roupillon. Bah ! avec toutes ces émotions, comprenez que j’étais un peu raplapla.

Bref, une fois tout ça réglé me restait plus qu’a rentrer… Heureusement j’avais trouvé deux lignes aériennes pour le retour, dont une tenue par un fieffé grugeur d’orc qui profite de ce que la route a pied n’est vraiment pas une option pour pratiquer des tarifs exorbitant. Sans hésiter, j’profite de l’autre a moindre frais, vu que l’Cercle Cénarien prend en charge le vol de r’tour aux Pitons. Pas mal ça !

Me voila donc de rentré à la maison – si j’puis dire – encore a me demander en quoi tout ça va me faire avancer sur mon problème personnel pendant que Totem Punique me baratine comme quoi, y aurait une dernière épreuve : « …blabla, gardien, blabla lunaire… ». Comme si ce foutus périple avait pas suffit, cette vieille vache m’a gardé un chien d’sa chienne j’me suis pensé.

Au bout du compte, rien d’bien méchant, au terme d’un courte virée jusqu'à la frontière des Tarides, je m’suis retrouvé a castagner une espèce de grosse chouette liée a une sorte de caillasse en plein milieu de la savane – surréaliste c’était… En somme rien qu’une quantité raisonnable de dynamite ne puisse régler. Et c’est là que l’esprit du bidule s’adresse a moi et que je comprend. LA FORCE DE L’ESPRIT ET LA FORCE DU COEUR - foutrerouage, mais c’est bien sur ! - s’agissait d’une métaphore symbolique sur le lien entre les ondes psychométaboliques et structure nodale des atomes.

Dingue ce qu’après coup on se rend compte qu’on a la cervelle de traviol, non ?

Suis r’tourné ensuite auprès de l’archivieu pour éclaircir encore un ou deux points du truc et et après quelques efforts j’avais acquis la capacité de contrôler partiellement ma substructure corporelle et de me changeformer en ours quasiment a volonté, bon en fait, en ourse, c'est-à-dire en ours femelle, bah oui, rien n’est parfait dans ce bas monde...

Bon c’est sur que c’est pas vraiment ce que je cherchais, entendez par la retrouver mon aspect originel. Mais a tout prendre c’est déjà un début. Et comme dirait l’autre, un petit pas pour un druide mais un grand pas pour le pauvre gobelin que je suis !